Dans un courrier envoyé au Préfet en date du 20 décembre 2005, Bouygues Telecom attaque violemment l’ACN, l’accuse de proférer des "contrevérités", de ne pas remplir ses engagements, de donner de "fausses informations" et même d’"inquiéter la population". Le courrier demande au Préfet une nouvelle réunion de son instance de concertation.
Bien entendu, l’objectif de ce courrier est de décrédibiliser l’ACN auprès du nouveau Préfet du Val de Marne, qui a pris ses fonctions début janvier. Puisque l’ACN ne veut pas de ces antennes, il n’y a qu’à dire que l’ACN n’est pas crédible. On pourra donc se passer de son avis.
Pour ce qui est de la réponse de l’association à ce courrier, le Conseil de l’ACN, dans sa grande et habituelle sagesse, a décidé de s’en tenir à l’adage bien connu, parfois attribué à Talleyrand : "Tout ce qui est excessif ne compte pas".
En plus de son caractère outrancier, ce courrier est adressé au Préfet et nous ne l’avons reçu qu’en copie. Une réponse à Bouygues Telecom est donc doublement inutile. Nous le publions sur notre site par souci de transparence, étant donné également la gravité de son contenu. Nous attendons toujours cependant la réponse de l’opérateur à notre dernier courrier.
Nous nous sommes cependant demandé s’il ne fallait pas écrire au Préfet pour lui faire part de notre version des choses. Après tout, "il y a une chose plus terrible que la calomnie, c’est la vérité", comme le disait le même Talleyrand.
Mais compte tenu de l’évidence de la manoeuvre tentée par l’opérateur et de la fragilité de ses arguments, le Conseil de l’ACN a estimé que le Préfet et l’ensemble des acteurs impliqués apprécieraient à sa juste valeur la tentative de Bouygues Telecom pour marginaliser ses contradicteurs. Nous les laissons juges également de la méthode de l’opérateur, de son respect pour ses interlocuteurs et de son sens du dialogue.
Sur une éventuelle réunion à la préfecture
Bien entendu, l’ACN est toujours favorable à toute action de concertation réelle permettant de trouver une issue à ce dossier, y compris une nouvelle réunion en préfecture, si elle peut y contribuer. Nous savons qu’il n’y aura de solution à ce dossier que par le dialogue et la négociation.
Cependant, il va de soi que l’objet d’une telle réunion ne saurait être, comme le souhaite l’opérateur, la détermination d’"une communication adaptée au projet en tenant compte de la sensibilité de tous" puisque le projet dans son ensemble n’a jamais fait l’objet d’aucun accord.
Lorsque l’opérateur sera décidé à appliquer l’article 5 de la Charte de Nogent sur Marne et donc à trouver, par voie de concertation, un accord sur l’emplacement des antennes, il sera toujours temps de nous réunir pour déterminer quelle communication adopter à l’égard des nogentais.
Quelques rappels
Forte du soutien renouvelé à l’unanimité par ses adhérents lors de sa dernière assemblée générale, l’ACN continue de demander, calmement mais fermement, l’application de l’article 5 de la Charte de Nogent sur Marne. Soutenu en cela par nos élus, Jacques J.-P. Martin, Maire de Nogent sur Marne et Conseiller Général, qui a participé avec ses deux premiers adjoints à notre Assemblée Générale du 2 décembre 2005 et par notre Députée Marie-Anne Montchamp qui a écrit à deux reprises au Président de Bouygues Telecom.
Nous rappelons que la signature de la Charte par Denis Buret, au nom de Bouygues Telecom, engage l’opérateur à respecter l’avis des associations, que cet avis lui plaise ou non, et à trouver, avec elles, une solution satisfaisante pour tous. Les présidents d’associations citées dans le courrier au Préfet que nous avons informés ont tous trouvé particulièrement choquantes la tentative de Bouygues Telecom de monter des associations les unes contre les autres.
Enfin, nous remarquons que, depuis le début de ce dossier, le jusqu’au-boutisme de Bouygues Telecom constitue à lui seul le meilleur argumentaire pour démontrer les limites de l’auto-régulation par les chartes et les concertations locales : parce qu’il persiste à ne pas vouloir franchement jouer le jeu de la concertation, Bouygues Telecom fournit lui-même les arguments justifiant le vote d’une loi sur la réglementation des implantations d’antennes-relais.
Annie Lahmer, conseillère municipale de Nogent sur Marne, nous a fait parvenir le texte de ce courrier qu’elle a envoyé au Préfet le 27 janvier, après publication de ce billet, et qu’elle nous a autorisé à reproduire ci-dessous:
Monsieur le Préfet,
Je viens de prendre connaissance de la copie du courrier qui vous a été envoyé par Monsieur Denis BURET, Directeur Régional chez Bouygues Télécom, au sujet du projet d’installations d’antennes relais au 92 rue François Rolland à Nogent sur Marne.
Je suis assez surprise par la teneur des propos qui y sont tenus. La réaction de Bouygues Télécom au refus des riverains et parents d’élèves de ce projet est d’attaquer le président de l’association des Coteaux.
Je peux vous affirmer que toutes les informations relatives à ce projet circulent. Comme vous le savez nous sommes face à un problème délicat. Chaque partie, les pours, les contres, sauront avancer des arguments extraits de rapports élaborés par des scientifiques très sérieux. Nous sommes dans un débat stérile qui s’envenime à chaque étape. Il me semble que le bon sens serait d’éloigner ces antennes d’établissements recevant des publics scolaires.Nous ne pouvons pas imposer à des parents une inquiétude supplémentaire quant à la santé de leurs enfants, même si certains pensent que nous sommes dans l’irrationnel !
Pour rappel l’article L110-1 du code de l’environnement applicable en matière de santé publique :
« L’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption des mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement à coût acceptable »
Monsieur le Préfet, les Parents d’élèves et les riverains souhaitent que Bouygues Télécom trouve un autre emplacement.
En espérant que vous saurez nous aider à retrouver un dialogue plus serein, je vous prie d’agréer Monsieur le Préfet, l’expression de mes sentiments distingués.
Annie Lahmer