Vous étiez nombreux à participer à la réunion du mercredi 8 février 2017 de l’AdN consacrée au dossier de l’ex-garage Renvier, entre les rues Thiers et des Clamarts, à proximité du marché et de l’école Gallieni.
En 2015, l’AdN et les riverains s’étaient fortement mobilisés contre ce projet, réunissant 50 personnes en trois jours, faisant circuler une pétition qui a regroupé très rapidement plus de 110 personnes, et organisant une démonstration de force dans la rue devant la presse. Plusieurs recours avait été déposés, dont un de l’AdN.
La forte mobilisation de 2015 contre la barre de 120 appartements à la place de l’ex-garage Renvier avait permis d’aboutir au retrait de permis. Pendant la dernière période de vacances de Noël, un nouveau permis a été affiché. Vos nombreux messages et les échanges avec ceux d’entre-vous qui nous ont contacté par téléphone montrent que ce dossier est extrêmement sensible.
Cette réunion a permis de:
- Constater une forte mobilisation. En 3 jours seulement, pendant les vacances scolaires, et avec de maigres moyens, nous avons rassemblé plus de 40 personnes. C’est un record !
- Entendre la surprise et la colère de chacun: 50 appartements annoncés par le maire, puis 120 logements dans le premier permis que nous avons fait retirer, en maintenant 136 logements acceptés dans le nouvel arrêté autorisant le permis de construire. Aucune concertation malgré ce qui a été promis. Pas de maquette. On a le sentiment d’avoir été piégé. « Ne vous inquiétez-pas » nous a-t-on dit… et nous découvrons qu’un nouveau monstre va sortir de terre sous nos fenêtres… La frustration est palpable et plus que compréhensible.
- Souligner le rejet franc et massif du nouveau projet. Personne n’en veut. Précisément: les hauteurs, la densité, les volumes, l’absence de prise en compte de la saturation des services, etc.
- Répondre à de nombreuses questions et en soulever de nouvelles. Notre attention a notamment été attirée sur d’autres projets actuellement en cours soulevant des problématiques similaires.
- Recueillir de nombreuses idées concernant la suite à donner à cette affaire…
La réunion a aussi permis de faire connaissance avec de nouveaux voisins.
Merci à tous les participants et bienvenue aux nouveaux adhérents !
Et maintenant ?
Retour sur les engagements de la ville
Situé dans un quartier très majoritairement composé de maisons en R+1 (rez-de-chaussée plus 1 étage), les riverains s’interrogeaient depuis longtemps sur l’avenir de ce terrain de plus de 4 000 m2.
Lors des réunions de quartier de novembre et décembre 2014, le maire les avait rassuré en annonçant un projet d’une cinquantaine de logements, précédé d’une consultation des riverains sur la base d’une maquette du projet (ainsi que l’indique Nogent magazine de janvier-février 2015 p. 58).
Cette promesse était d’ailleurs conforme à l’engagement de la ville dans le cadre de l’enquête publique sur le PLU. Face « aux fortes demandes des riverains » contre l’augmentation de la densité et des hauteurs maximales dans cette zone, le rapport du Commissaire enquêteur reproduit la réponse de la ville que voici (p. 17-19) :
« En ce qui concerne le terrain occupé par le garage Renvier : il fera l’objet d’un plan de masse en lien avec l’Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP). Cette procédure impliquera une consultation de la population. »
« Afin d’assurer une meilleure intégration du futur projet sur les emprises « Renvier », il est prévu de mettre en place un secteur plan de masse sur cette assiette foncière, dans l’année qui suit l’approbation du PLU. L’application d’un épannelage sera étudiée à cette occasion afin d’assurer une transition avec l’environnement proche. ».
Rappelons que l’ épannelage désigne la forme simplifiée des masses bâties constitutives d’un tissu urbain et que le plan d’épannelage est le document d’urbanisme qui définit l’enveloppe des volumes susceptibles d’être construits, indépendamment des détails. La ville s’est donc engagée à étudier la forme simplifiée des masses afin d’assurer une transition avec l’environnement proche.
Les détails du nouveau permis
Surprise : ce n’est plus 120 mais 136 appartements au lieu de 50 initialement prévus!
On retiendra tout d’abord que le projet de 50 logements initialement annoncé par le maire est passé de 120 à 136 logements ! Certes, la superficie de terrain concernée a été augmentée par l’acquisition de maisons, mais loin de réduire la densité du projet, celle-ci augmente donc encore et de nouvelles maisons sont (encore) détruites.
Quelle n’a pas été la surprise des riverains de découvrir sur le nouvel affichage de permis de ce projet pharaonique constitué de 4 bâtiments culminant en R+4, en total décalage volumétrique et visuel avec l’environnement du quartier, la réalisation de 136 appartements, avec une hauteur de 19 m 10 au faîtage.
Et le détail du permis de construire a augmenté leur inquiétude.
Projet 1 | Projet 2 | |
Surface du terrain | 4 146 m2 | 4 885 m2 (+739 m2) |
Surface de plancher | 7 532,10 m2 | 7 954,10m2 (+432 m2) |
Nombre de logements | 120 logements (36 sociaux) | 136 logements (41 sociaux) |
Nombre de place de stationnement | 94 places (manque 26) | 111 places (manque 25 places !) |
Nombre de bâtiments | 4 répartis sur une barre | 5 lots |
Hauteur maximum | 15 m au faîtage (R+4) | 19,10 m (tour signal) |
Implantation par rapport à la rue | recul sur les 2 rues | Rue Thiers : recul de 1m50 Rue des Clamarts : Bât D à l’alignement, Bât C : recul et clôture |
L’aspect extérieur des constructions tranche avec le caractère résidentiel du quartier.
- Rue des Clamarts : Architecture classique avec de grands balcons. Les enduits clairs (blanc et blanc cassé, toiture zinc ton quartz)
- Rue Thiers : Façade plate, banale. Pas de balcon en saillie, seulement 4 loggias.
- Au centre : Une tour signal avec boule et pointe !
Bâtiments toujours massifs et disproportionnés
L’épannelage, en l’occurrence, marque une rupture et non une transition avec l’environnement.
Le caractère agréable des rues du quartier est lié à la présence majoritaire de pavillons à 1 étage et de la qualité de leurs jardins privés donnant sur la rue. Il est clair que ce projet ne repose que sur la seule logique de l’opportunité foncière en effaçant toute référence au découpage et aux caractéristiques du bâti existant.
Il en résulte une masse bâtie sans rapport de taille, ni de géométrie, ni d’emprise avec le tissu environnant dans lequel elle est censée s’insérer. En particulier, la densité (7 964 m2) et la hauteur (R+4) ne permettent pas une insertion qualitative à la vue des bâtiments existants (R+1).
Rue des Clamarts: R+4 en pente = un R+5 visuel
Parmi de nombreuses aberrations, ce projet en R+4 entouré de R+1 réussit la prouesse pour les habitants de la rue des Clamarts d’apparaître comme un R+5 car le terrain est en pente et monte vers la rue Thiers.
Ainsi, comme on peut le voir sur cette image, les immeubles du projet situés sur la rue Thiers dépassent largement ceux en R+4 donnant sur la rue des Clamarts et apparaissent derrière la résidence du 21 rue des Clamarts en R+2, figurée sur l’image par un rectangle grisé). On distingue bien la pente du terrain sur cette image (ici).
Après la barre, voici maintenant une tour signal de 19,10m !
Le premier projet que nous avions qualifié de « Barre » comprend maintenant une « Tour signal ».
D’une hauteur de 19,10m, cette tour n’a aucun intérêt. Elle est moche et augmente considérablement la hauteur du projet passant de 15m au faîtage à 19.10m !
Un passage piéton gadget et des services saturés
Comme nous l’indiquons ci-dessus, et sans doute pour faire oublier son caractère disproportionné, le projet comprend un passage piéton reliant la rue Thiers à la rue des Clamarts. Il s’agit là d’un simple gadget, y compris dans l’hypothèse de l’adaptation de la sortie de l’école Gallieni sur la rue des Clamarts. En effet, la distance gagnée est minime et on peut déjà prévoir que ce passage sera fermé quelque temps après son ouverture pour éviter délinquance, déprédation et insécurité, comme ce fut le cas ailleurs à Nogent.
Autre problème : avec 136 appartements, combien d’élèves supplémentaires ce projet amènera-t-il dans le quartier ? La question de l’agrandissement de l’école Galliéni est dans les cartons depuis plus de dix ans. L’école ne peut en effet plus accueillir ses grandes sections, faute de place.
Vers l’élimination de tous les pavillons
Par ailleurs, l’avenir des pavillons situés entre les bâtiment du projet et celui du magasin Picard Surgelés devient incertain. On ne peut exclure une éventuelle extension de ce projet en direction de l’avenue Gallieni dans une deuxième phase. Cette évolution aggraverait encore plus la densification.
Observation maintenant positive de l’Architecte des Bâtiment de France ?
C’est l’Architecte des Bâtiments de France qui résumait le mieux la situation dans le précédent projet, un avis qui était plein de bon sens.
Oui mais voilà entre temps la règle a changé, et la portée des avis des Architectes des Bâtiments de France modifiée par une loi. En effet, s’il est reconnu que le patrimoine est une des richesses françaises, sa protection de la part des Architectes des Bâtiments de France est qualifiée souvent de « tatillonne » concernant certains travaux.
La loi relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine (CAP) a été définitivement adopté le 29 juin 2016 et publié au JO le 8 juillet 2016 et fait évoluer les règles de préservation du patrimoine et les demandes d’autorisation d’urbanisme. Ces dispositions modifient les codes de l’urbanisme et du patrimoine.
La loi a changé mais nous considérons que le nouveau projet immobilier appelle cependant les mêmes conclusions à savoir :
- Le projet pose un problème d’échelle, au niveau du quartier. Il ne traite pas d’articulation entre les 2 typologies urbaines (pavillonnaire et collectif de centre ville).
- La densité et la hauteur (R+4) ne permettent pas une insertion qualitative.
- La composition reste problématique.
Le nouveau plan masse annexé au PLU très proche du projet du promoteur
Multiplication des adhérents: constitution d’un groupe d’action
De nombreux nouveaux adhérents nous ont rejoint. Soyez les bienvenus. Forts de votre soutient, nous allons organiser un groupe d’action pour rassembler spécifiquement les adhérents concernés par ce projet et l’évolution de leur quartier et agir ensemble de façon coordonnée.
Précisons trois choses importantes:
- L’AdN ne s’interdit aucun moyen d’action, qu’ils soient juridiques, « orthophoniques » ou autre. Les moyens orthophoniques sont ceux qui permettent de se faire entendre de la part d’acteurs qui manifestent parfois certains problèmes d’audition (et par suite, de compréhension et d’action).
- Le dossier de l’ex-garage Renvier est emblématique de la tendance actuelle au bétonnage de Nogent. Il ne constitue pas un cas isolé. Au contraire, c’est un révélateur. Il est temps que cette tendance cesse et que la préservation du cadre de vie Nogentais soit vraiment pris au sérieux.
- L’AdN est indépendante des acteurs politiques. Nous sommes très vigilants à cet égard et nous demandons à chacun de respecter cette indépendance. Merci d’avance.
Nous devons nous rassembler et faire un point concernant ce nouveau permis et le projet gigantesque qu’il prévoit et de la suite à donner.
Quelles sont les réactions des riverains et Nogentais à l’issue de cette réunion ?
Quelques progrès mais c’est insuffisant !
- Le passage entre les rues Tiers et des Clamarts est maintenant à ciel ouvert et débouche sur une aire de jeux. Cependant, s’agissant d’un passage privé, nous ne doutons pas qu’il sera fermé à la demande des propriétaires, comme d’autres à Nogent. Aujourd’hui, un jardin ouvert, demain des grilles fermées aux Nogentais. Il n’a donc aucun intérêt pour le quartier ni la ville.
- La «barre » transversale est maintenant coupée en plusieurs morceaux, laissant ce que le promoteur appelle des « percées de lumière ». Deux bâtiments prolongeraient ceux de la résidence voisine, à ceci près qu’ils s’élèvent beaucoup plus haut. Si, pour les futurs habitants de ce site, le progrès est réel, vue des rues, l’effet massif de barre reste inchangé.
- Le retrait de 1.50m par rapport à la voirie du bâtiment rue Thiers. Rappelons aux ronchons qui penseraient que 1.50m, c’est bien peu de chose, qu’il s’agit là en réalité de 150 centimètres, c’est-à-dire l’équivalent de 1 500 millimètres… Ce qui n’est pas rien.
- Le léger retrait du quatrième étage permettant, d’après les promoteurs, d’amoindrir l’effet de hauteur.
Beaucoup de questions de nos adhérents et des riverains
Notre dernière réunion du 8 février 2017 nous a permis de discuter de ce nouveau projet. Voici les premières remarques :
- Les hauteurs sont trop élevées (ne pas dépasser deux niveaux)
- Comment se fait-il que le plan masse soit adapté au PLU ou inversement ? Le promoteur a-t-il envoyé son projet à la Mairie avant de le déposer pour coller au PLU ? Le PLU a-t-il été modifié pour répondre très exactement à un projet privé spécifique ?
- Les images du promoteurs sont trompeuses, les proportions de la construction avec les éléments de décors sont fausses (disproportions des passants par rapport aux constructions). Le promoteur devrait réaliser des « photos » en réel avec des échelles réelles (piétions, sens de la circulation, présence d’arbres).
- Les façades sont-elles en pierres porteuses ou en enduit couleur beige ?
- La tour signal est vraiment inutile
- Dommages collatéraux : manque d’école, de lycée, manque de places de stationnement et de parking, difficultés de circulation
- La densité de Nogent s’accroit encore par rapport aux communes voisines
- Il faut une intégration harmonieuse des nouvelles constructions par rapport à l’identité patrimoniale du quartier
Malheureusement, il ne va pas disparaître par un coup de baguette magique. Nous devons nous rassembler et faire entendre notre mécontentement. Nous devons également discuter et aider à trouver des solutions.
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et commentaires sur notre site à la suite de l’article.
Entre-temps, continuons à rassembler les riverains:
=> Parlez à vos voisins, notamment à ceux rentrés de vacances;
=> Imprimez le document et donnez-leur, mettez-le dans leur boîte aux lettre avec un mot personnel;
=> Informez-le de la mobilisation;
=> Encouragez-les à nous écrire et adhérer
En conclusion :
En résumé, pour l’AdN, ce projet :
- N’a fait l’objet d’aucune concertation réelle contrairement aux engagements écrits et oraux de la mairie et ignore les préoccupations des riverains concernant les hauteurs pourtant exprimées de longue date et bien connues de la mairie et du promoteur ;
- Est totalement disproportionné : 136 appartements au lieu de 50 annoncés par le Maire
- Bouleverse profondément le tissu pavillonnaire et l’équilibre du quartier, dans le sens de la sur-densification. Il menace à terme l’ensemble des pavillons des rues Thiers, Clamarts, et Pont de Noyelle.
- Soulève par sa taille des problématiques multiples de circulation, et de saturation des services publics.
Ce projet doit être limité à 2 étages et sa tour signal supprimée.
Nous avons besoin de vous pour nous opposer à ce projet. Rejoignez-nous.
Juste parler du RER A qui ne pourra engloutir tous ces nogentais matin et soir, car déjà en saturation
La piscine idem …
Bien sur Paris est un musée et c’est la première couronne qui doit amortir le choc du logement …
mais c’est l’asphyxie qui nous guette à plus ou moins long terme.
quelle horreur !
Nous habitons Le Perreux, et nous constatons les memes derives…
Nous sommes avec vous !
Pierre, president de l’association Bien Vivre au Perreux
Moi qui ait vécu dans ce quartier pendant 19ans je trouve ce projet pharaonique et ubuesque. Certes la friche du garage Renvier peut être utile pour faire des immeubles mais pas au point d’avoir cette densification. Pour exemple, l’immeuble qui a été construit sur la friche technal (rue des clamarts) peut être une bonne solution.
Je crains que la baisse des dotations de l’Etat oblige le maire a densifié la ville de plus en plus pour pouvoir ramener des impôts locaux surtout qu’il veut refaire le marché central – encore un cout pour la collectivité.
Bien que j’habite au Perreux je reste un nogentais de coeur.